Barrage de robertville

Certes, on ne voit pas grand-chose! Disons que l'on distingue à peine! Nous travaillions, mon frère et moi, dans une vaste propriété près du lac de Robertville, qui venait d'être mis à sec pour des raisons, sans doute, de réfection du barrage qui fermait ce lac. Trois hectares à tondre. Sur l'autre rive du lac, cette bagnole. Ma vue acérée me permit de distinguer un pied, qui sortait de la vitre avant, côté conducteur (au moins deux cents mètres me séparaient de cette vision) - le petit "machin blanc - . Nous appelâmes la police, bien sûr, sachant que, dans les nombreux lacs de nos Ardennes, bon nombre de personnes, lassées de la vie, s'y jetait (s'y jetaient? quand il s'agit de "bon nombre"? J'hésite toujours quant à l'emploi du singulier ou du pluriel...  c'est comme "la plupart"). Bref. La police arriva, avec jumelles et tout le tralala. Cette phrase du commandant de gendarmerie: " Cela demande réflexion". La réflexion, ce fut le téléphone, évidemment. Il appela les pompiers, qui accoururent. Ils braquèrent leurs jumelles et leur décision rassurèrent tout le monde: " le sac de sable, devant la voiture, prouve que c'était un lest. Le pied que vous avez vu est celui d'un mannequin. De temps à autre, nous jetons une voiture dans le lac et nous nous entraînons pour un sauvetage éventuel". Nous n'en avons rien su de plus. Un mannequin? Un vrai suicidé? Nous nous en sommes foutus. Mais nous avons à tout le moins perdu quatre heures. Et le client, évidemment, ne nous les a pas payées, à juste titre! Nous ne savons même pas si l'enquête continue. Reste la bagnole. Qu'est-elle devenue, maintenant que le lac a été rempli? Cela m'empêche de dormir. Jeme dis, cependant que, parfois, le métier de jardinier m'ouvre les portes d'un roman policier. Sans doute devrais-je me recycler.  

Comments

[Michèle P]

Étonnant qu'on ait vidé un lac (et les poissons qui vont avec) et qu'on n'ait pas évacué cette bagnole.



M'étonne même qu'il n'y en ait eu qu'une...