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Au presque quotidien
14 juin 2014

bien bien bien

Hier, mon fils m'a demandé s'il pouvait venir voir LE match. Bon! Rien à cirer, moi mais voilà. Les Pays-Bas sont sortis du stade la tête haute et l'Espagne la queue entre les jambes (laisse pagne tomber, donc(bof!)). 

Ma tante Victorine - soeur de mon grand-père paternel - était antiquaire et témoin de Jéhovah. Petite vieille rabougrie et sèche, elle nous servait de l'alcool de grains lors des fêtes de fin d'année. Systématiquement, nous versions nos verres dans le pot des innombrables plantes vertes qui encombraient son appartement. Jeunes, nous adorions passer chez elle car elle possédait un assortiment extraordinaire de vieilles armes moyennâgeuses: assommoir, gourdin, baïonnette (pas tellement moyennâgeux, ça), francisque, arbalète, fléau... nous devenions chevaliers tandis qu'elle tentait de nous attirer vers son idyllique Eden. Elle sentait le chat. 

Lorsque j'ai connu ma première petite amie, ses parents étaient en instance de divorce. La maman s'est confiée à moi qui n'avait que 17 ans: "tu te rends compte, il m'oblige à me coucher nue sur le sol du salon puis, habillé en Tarzan, il pose un pied sur moi et hurle le célèbre cri de Johnny Weissmuller". Divorce prononcé, elle ne savait que faire sans voiture. Grâce à mon parrain, livreur de pièces automobiles, je lui ai trouvé une vieille 2CV bleue, achetée 1000 NF (150 euros, quoi!). Je lui ai appris la conduite de cet engin. Après ma séparation d'avec sa fille, j'ai continué à lui rendre visite, une ou deux fois par mois, pendant plus de vingt ans. Puis elle est devenue folle et fut placée. J'ai cessé mes visites lorsqu'elle ne me reconnût plus.

Je rendais aussi visite à ma grand-mère maternelle. Un jour, par habitude d'avec ma petite amie, je souhaitai le bonjour à ma grand-mère en posant délicatement mes lèvres sur les siennes. Elle fut surprise.

La maman de mon meilleur ami avait rencontré son homme, alors fuyant les allemands, dans son petit village de Monfort, près de Toulouse. Guerre terminée, ils vinrent s'installer à 100 mètres de chez nous, où naquit celui qui, des années durant, était L'ami dont tout le monde rêve. Ils durent déménager à une dizaine de kilomètres. Certes les familles se rendaient encore visite de temps à autre mais, au fil des années, le coeur n'y fut plus. Bien plus tard, le hasard des jardins à entretenir m'a fait retrouver le quartier où ils habitaient. Mon ami était marié. Ils étaient seuls. J'y retournai deux-trois fois l'an: ils me servaient une mirabelle à 65° fabriquée par leurs cousins alsaciens. Puis Monsieur  décéda, à 95 ans (voir, dans mon bouquin "La dernière fois" le chapitre intitulé "L'homme dont je ne me souviens plus du prénom"). Je vois toujours Madame, toute menue, qui n'a pas perdu une once de son accent toulousain. Je lui offre mon dernier livre paru. Elle me raconte les soucis qu'elle a avec ses enfants: le divorce de l'un, la construction de l'autre. Elle ne va plus chez ses cousins d'Alsace. Alors, elle me sert un café.    

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Commentaires
J
Mais si, ça va venir...
A
Bon, ben alors... au Nord rien de nouveau?
A
Des fragments de vies, des gens qu'on rencontre, qu'on aime, qu'on perd de vue, qu'on retrouve et d'autres qui meurent... la vie qui va.....
J
Et vague à larme (même sans "r" et avec apostrophe et accent circonflexe)
T
Ce monde des anciens : dès qu'on lui fait prendre l' "r", il devient ronde dans nos têtes.. (direct : inspiration Hublots)
Au presque quotidien
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