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Au presque quotidien
20 décembre 2012

Renard deux

Viscéralement, je hais les armes. J'ai chez moi un arc - genre Robin des bois. Je tire une vingtaine de flèches par jour, quand il fait beau, sur une cible fichée au bout de mon terrain, à une quarantaine de mètres du lieu d'où je vise. Je respire, je me tais. Je médite. Et j'attrappe des cals sur les mains.

Vers 1975, j'avais des bracelets marocains autour des poignets, une longue chevelure bouclée, une longue chemise brodée, des canards, des oies, des lapins,des chèvres, des brebis que je devais traire - pas les oies ni les canards ni les lapines!- tous les jours. Et un immense potager. J'étais étudiant, marié, deux enfants, cool: nous subvenions en autarcie, à nos besoins de légumes et de lait et de fromage. L'Ardèche et les Cévennes en Ardennes, quoi! Un matin, le carnage: un renard était venu éparpiller mes poules. Je râlai tant que je demandai à mon père de me prêter sa carabine, une 22long. J'installai un rouleau de treillis au centre duquel j'avais mis une poule. Je savais comment fabriquer le piège: le renard s'engouffrait dans les circonvolutions du treillis et ne savait plus faire marche arrière. J'étais à l'affût, près de la fenêtre de la chambre à coucher. Il est arrivé, s'est fait prendre au piège. "Cette leçon vaut bien une poule" lui-dis-je! J'épaulai, visai. Et puis non, décidemment non! J'ai reposé l'arme, suis allé dans le fond du pré et ai soulevé le treillis. C'est tellement beau, un renard. Il est parti... et j'ai ramassé les plumes. Je n'ai jamais tiré un seul coup... enfin, à la carabine!  

 

 

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Commentaires
S
Dans les années de l'après-guerre, bien avant 1975 donc, les petites-bourgeoises portaient des "renards", sortes d'étoles avec les pattes de la bête qui pendouillaient devant et même un bout de museau aux yeux morts comme des boutons brillants. Elles gardaient ainsi leurs épaules au chaud. Oui, votre renard était tellement plus beau, en vie...
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