Je devenais fou
Le devenais-je ou l'étais-je déjà depuis longtemps? Je suis fou des mots. N'avais-je d'ailleurs pas écrit, dans les années 1970: "Mon équilibre atteindra celui des oiseaux de proie"? Je devins fou des morceaux de bois, y trouvant, grâce à mes mains, aux ciseaux, aux goujes, les mots que les mots ne savaient pas dire. Le bois me parlait et j'entretenais avec lui une sensualité que ma pudeur m'interdisait de traduire sur papier. Pourtant, je pouvais écrire des textes d'une violente sexualité. Cest textes sont restés impubliés car, à mon avis, impubliables. Le bois et ma relation avec lui sont là. J'ai arrêté ses scupltures lorsqu'une dame - dont j'entretenais le jardin - non secret (Je taillais ses haies et tondais sa pelouse - gardez pour vous les images possibles et grivoises) me demanda de lui fabriquer un espace "zen" (sable blanc, cailloux blancs, bambous verts... et une sculpture). Je venais de terminer celle qui suit, en photo. J'ai arrêté, ce jour où je lui ai amené ce truc et qu'elle m'a demandé combien elle me devait. Qu'en savais-je? J'ai compté mes heures de travail, pas plus que celles d'un jardinier. Elle m'a traité de con (plus gentiment). Son jardin est très beau. Et mes bois sont toujours là. Elle doit avoir 75 ans. Son mari ne m'aime pas. L'art (!) n'a pas d'âge.