Banneux

Je traverse ce village trois à quatre fois par semaine. Vastes parkings, souvent pleins d'autocars. Des hôtels, des bars, des restaurants, des chapelles, des églises. Une source. Raconter Banneux n'est pas facile, quand il s'agit d'écrire sur un blog. Je vais donc y aller par étapes. De riches lainiers verviétois, soucieux de faire fructifier plus encore leur magot, décident d'acheter des centaines d'hectares de terrain dans la commune de Banneux, au prix du pré à vaches, afin d'y construire des villas et demeures de luxe. Las, ils n'obtiennent pas l'autorisation de lotir. Mais ils sont finauds. Moyennant une somme que personne ne connaîtra jamais, ils parviennent à monnayer un mensonge. Maria Becco, alors âgée de 11 ans, au QI impressionnant de bassesse - plus tard, elle fera payer ses charmes (!) dans l'arrière-cuisine de la friterie qu'elle tiendra durant de nombreuses années - affirmera avoir rencontré la vierge Marie à plusieurs reprises, à Banneux. Et tu feras construire une chapelle ici, en mémoire de moi aurait dit la maman de Jésus. Interrogatoires de l'Evêque, analyses, recoupements... le St-Siège même est appelé sur place. Maria ne s'écarte pas d'un iota de ce que lui avaient susurré les pontes verviétois. Banneux devient notre Lourdes! Les promoteurs verviétois se frottent les mains: les pélerins arrivent en masse. Ils veulent voir le lieu, rencontrer la jeune fille qui, elle, s'écarte de plus en plus de cette médiatisation. Les terrains se vendent à prix d'or. Des associations se forment. Catholiques, évidemment. Des boutiques-souvenirs. La vierge est apparue à Banneux. La source - une source normale - devient miraculeuse. On emplit des bouteilles car cette eau guérit de tous les maux... évidemment. Lorsqu'elle se tarit, en période de canicule, les pompiers de Pepinster, une ville proche, vont pomper de l'eau dans la rivière - la Vesdre - et viennent remplir les citernes qui permettent aux robinets de déverser - après bénédiction - cette eau devenue miraculeuse par miracle. (Je sais tout cela car mon grand-père était le jardinier de tous ces riches verviétois). Mais "chutt" vous n'en savez rien. Bien plus tard, je fus appelé pour réaménager le jardin de Mlle B.,à Banneux. Allemande, cette dame s'occupait de l'organisation de tous (tous) les pélérinages venant d'Allemagne vers Banneux. Les jardiniers ont des oreilles dans toutes les fleurs, qu'elles soient fines ou lourdes. Cette dame B. , amie de bon nombre d'évêques, de curés (etc), gérait tout. Même son pourcentage sur les nuits d'hôtel que ses pélerins passaient à Banneux. Je vous garantis 150.000 nuits/an... combien me ristournez-vous? Je vous garantis un chiffre d'affaires d'autant (aux boutiques-souvenirs) combien me .... etc etc. Je gagnais bien ma vie, avec elle, car elle ne se refusait rien, pour l'agrément de son jardin. Je n'en ai plus pu, de cette hypocrisie. Et je le lui ai dit, droit dans les yeux, alors qu'elle me donnait, pour la dernière fois, ce qu'elle me devait. Elle mesurait deux mètres de haut. Des seins comme des obus de 1m25. Une maîtresse (!) femme. Plus jamais revue. Plus jamais entendu parler d'elle. Lorsque le pape Jean-Paul II est venu à Banneux, il a souhaité rencontré Maria Becco. Il semble qu'ils se soient entretenus, à huis clos. Maria était vieille. Ce jour-là, toute la province de Liège était en état de siège (Le saint-Siège). Pour rentrer chez moi, après le travail, j'ai dû faire, au moins, soixante kilomètres de détour, tant il y avait de routes barrées. Pour rire, j'ai envoyé une facture au Vatican (une centaine d'euros). Elle n'a jamais été honorée. La vierge de Banneux continue à captiver les foules. Les pompiers remplissent les citernes. Quant à la vierge... il y a tellement de cierges qui se brûlent à Banneux... qu'il suffirait qu'elle en prenne un pour ne plus l'être. "God"ne veut-il pas dire "Dieu", dans certains langues?