Loire.
Deux textes sur la Loire, qui se chevauchent sans doute. Une malencontreuse manipulation...désolé pour les lecteurs. Pas le courage de modifier: il est tard: je vais préparer mon dîner. Je ne vais quand même pas bloquer mon estomac pour mon blog, hein!
Cerneaux de Loire
La Loire ouvre ses bras
au ciel, en marche d’infini.
La Loire est une porte.
Elle ouvre ses draps de lit
aux amants des étoiles.
La Loire est un putain de fleuve.
La Loire aux bords de crue
éclabousse, nue,
le piaillement, le cri d’enfant
qui joue aux derniers cerceaux.
La Loire se faufile sans filet
entre les cils fermés.
La Loire dans sa gabarre
se barricade
et s’enrhume dans sa toue.
Ses paniers m’enveloppent
ses bois flottés m’emportent,
radeaux comme rideaux d’eau.
Des lignes fatiguées
ou juste apaisantes
s’arquent et boutent le feu
aux rayons qu’un miel liquide
applaudit
pour dire « on est bien ».
Le soleil de la Loire,
c’est la Loire elle-même.
Elle pénètre les veines et les venelles
les seins, les sentinelles.
Elle parcourt les yeux
et ses bras nous saignent.
Entre boires et bras,
un seul vin que la luette étrangle.
Un café, une guinguette, une porte bleue.
Une carafe, un vain devin : un éclat d’être
Et des couleurs à ne pas mentir.
La Loire affûtée d’histoires
s’unit, légère et lourde de miracles
La Loire épique pique, et colle, et grammes.
Elle a des seins, des boursouflures
des noms sans nom,
des rimes sans raison.
C’est de l’eau qui coule, la Loire.
C’est de l’eau.
C’est delà : un monde qui écoute.
Et qui vit, qui voyait.
Qui, je l’espère, verra.
Des ventres pleins d’un vin
de courants d’alevins.
Une histoire pleine de passions
d‘émotions, de cœur et d’âme
d’être et de corps parfois fanés
parfois râblés, parfois rabougris
parfois corps.
La Loire a la justesse et la précision
de sa descente, de sa descendance.
Elle sait, au moins elle,
où elle va.
Elle connaît son chemin, ses transes
et sa tranquillité.
Elle sait ses fureurs aussi
et ses toues au sommet des barrages.
La Loire a ses ponts.
Enjambements, paroles et cartes
qui nomment les lieux.
Mots et dits, mots maudits d’être dits.
Mots d’oublis et de cernes sous les yeux
quand le soleil oublie d’être absent.
La Loire dépose ses monts d’Auvergne
sur des rives françaises.
Elle gémit de sable, d’ajoncs
de vaches égarées. Elle lancine.
Elle tricote, amusée, avec des fils de soie
des rumeurs d’hiver.
La Loire découpe ses cheveux en quatre
et clame ses mots à croiser,
ses mots à flécher, ses mots à ne pas dire :
« zone inondable », par exemple.
Les mots de Loire sont des mots à chanter.
Comme des freins ou des refrains.
La Loire n’a pas d’énergie dirait-on
Elle lessive lascive ses plages et ses dommages.
Elle écarte les bouées
de sauvetage.
Se sauve-t-elle d’elle-même ?
Elle déborde d’étant.
La Loire est.
Vit-elle d’elle ?
Sait-elle qu’elle est Loire ?
Ou n’est-ce qu’une illusion de bien-être ?
Je la regarde saupoudrer ses flots
de son nom.
Combien de visages parsèment la Loire ?
Combien de gens, combien de mains ?
Ils sont sérieux et souriants.
Parfois souvent, les mains se donnent.
Quand elles se donnent, les mains
sont des cœurs.
Ils se casquettent en bleu.
Ils se vestent en bleu.
Ils se pantalonnent en bleu.
Ils s’oeillent en bleu.
Les gens de Loire sont bleus.
D’elle.
En Loire, il suffit de poser un pied devant l’autre
pour connaître la source d’eau.
J’y suis entré en sacerdoce
sans savoir d’où je viens.
C’est un pays de palace
un pays fallacieux.
Des feux, des pieux, des bois.
Un pays d’allumettes, ces petites allumes
mères d’artifices, ventres de magie.
Feux d’étoiles.
L’eau de Loire ne coule pas.
Elle s’écoule et s’écoute.
Elle se voit, se respire.
L’eau se sent.
S’hument les terres, se jouent les yeux.
Plages de sable où les pieds marquent.
Des monceaux de bois, des coquilles :
la Loire donne des galopades de chevaux.
Des bateaux qui égrènent le douce lenteur
d’une vie ;
des barques qui simulent la nonchalance ;
des passants qui y passent
leur vie.
Les mouchettes de Loire filtrent
les derniers éclats de soleil.
Viennent les pélicans, les vautours,
les tigres, les lions, les éléphants,
les hippopotames : les saigneurs de lieux.
Qui donnent, qui prennent.
Qui font semblant de donner.
Et ne font que prendre.
Loire est jungle.
Loire est jeu, enjeu, enjolivée
tellement jolie.
Loire est loi d’elle.
Loire est sa loi.
Loire est telle qu’elle est elle.
Une barque pourrie au fond d’un entrelacs.
Un peuplier ras ; un peuplier bougris.
Une ligne d’arbres plantée le long d’un boire
et des cœurs se soulèvent.
Un vol de cornemuses
(ce ne sont pas des oiseaux)
voilà la Loire qui s’échappe.
Une toue au repos
crispée derrière un barrage
attend le printemps.
Les lignes qui l’amarrent
confortent son silence.
Elle subit le regard du promeneur
délicat.
Au bout du chemin plat, la levée :
la montagne avant l’eau.
Les arbres, les herbes et les pas.
Le souffle de l’urgence dans les yeux :
le fleuve sans ses souffrances.
Le bateau, comme une âme.
Ces mots de promenade, ces mots
de connivence.
Ces mots d’étincelles qui ne peuvent être dits
que là.
Des mots de soleils couchants, de sommeils couchés.
Des mots si banals qu’ils en deviennent crispants.
La Loire est un lieu commun.
La Loire me rend muet.
La Loire me rend sourd.
La Loire me rend aveugle.
La Loire me rend indocile, imbécile, idiot, heureux, malheureux.
Ce fleuve me fait vibrer. Me fait vivre. Fait s’écouler mes jours comme s’écroule son eau
vers l’imbécillité de l’océan, qui n’a pas de fin.
Enfin, je crois.
J'aime le fleuve Loire. Je viens de retrouver un texte que j'avais écrit à son propos.
La Loire ouvre ses bras au ciel, en marche d'infini. La Loire est une porte qui ouvre ses draps de lit aux amants des étoiles. La Loire est un putain de fleuve. Aux bords de crue, elle éclabousse, nue, le piaillement et le cri des enfants qui jouent aux derniers cerceaux. Elle se faufile sans filet entre les cils fermés. La Loire, dans sa gabarre, se barricade et s'enrhume dans sa toue. Ses paniers m'enveloppent, ses bois flottés m'emportent, radeaux, comme des rideaux d'eau. Des lignes fatiguées ou juste apaisantes s'arquent et boutent le feu aux rayons qu'un miel liquide applaudit pour dire "on est bien". Le soleil de la Loire, c'est la Loire elle-même. Elle pénètre les veines et les venelles, les seins, les sentinelles. Elle parcourt les yeux et ses bras nous saignent. Entre boires et bras, un seul vin qu'étrangle la luette. Un café, une guinguette, une porte bleue, une carafe, un vin devin: un éclat d'être et des couleurs qui ne mentent pas. La loire affûtée d'histoires s'unit, légère et lourde de miracles. La Loire épique et pique, et colle, et grammes. Elle a des seins, des boursouflures, des noms sans noms, des rimes sans raisons. C'est de l'eau qui coule, la Loire. Ce n'est que de l'eau. C'est delà: un monde qui écoute et qui vit, et qui voyait.Qui, je l'espère, verra. De ventres pleins d'un vin de courants d'alevins. Une histoire emplie de passions, d'émotions, de coeur et d'âme, d'êtres et de corps parfois fanés, parfois râblés, parfois rabougris, parfois seulement corps. La Loire a la justesse et la précision de sa descente et de sa descendance. Au moins sait-elle où elle va. Elle connaît son chemin, ses transes et sa tranquillité. Elle sait ses fureurs, aussi et ses toues, au sommet des barrages. Elle a ses ponts. Enjambements, paroles et cartes qui nomment les lieux. Mots et dits, mots maudits d'être dits. Mots d'oubli et cernes sous les yeux, sous les cieux. Quand le soleil oublie d'être absent. Lea Loire dépose ses monts d'Auvergne sur les rives françaises. Elle gémit de sables d'ajoncs, de vaches égarées. Elle lancine et tricote, amusée, avec des fils de soie, des rumeurs d'hiver. Elle découpe ses cheveux en quatre et clame ses mots à croiser, ses mots à flécher, ses mots à ne pas dire: "zone inondable" par exemple. Les mots de la Loire sont des mots à chanter comme des freins ou des refrains. Elle n'a pas d'énergie, dirait-on. Elle lessive, lascive, ses plages et ses dommages. Elle écarte les bouées de sauvetage. Se sauve-t-elle d'elle même, elle qui déborde d'étant?
La Loire est. Vit-elle d'elle? Sait-elle qu'elle est Loire? N'est-elle qu'une illusion de bien-être? Je la regarde saupoudrer ses flots de son nom. Combien de visages parsèment la Loire? Combien de gens, combien de mains, combien de marins? Ils sont sérieux et souriants. Leurs mains se donnent. Quand elles se donnent, les mains sont des coeurs. Ils (les gens) se casquettent en bleu, se vestent en bleu, se pantalonnent en ble, soeillent en bleu. Les gens de Loire sont bleus. D'elle.