nom de dieu
Mon chauffe-eau vieillit. De l'eau suinte. Du gaz se perd. Il a 25 ans. Bref, il défaille. La notice de garantie - retrouvée après moultes recherches dans la "farde aux garanties" (où j'ai mis la main sur un papier m'informant que la garantie d'un petit poste radio acheté 20 euros en 1973 s'achevait en 1975) m'informe que cet appareil n'est plus couvert depuis quinze ans. Il me faut donc le changer. Vient un technicien agréé par la compagnie qui me fournit les bonbonnes de gaz. Il visite la maison, s'étonne de la vétusté de l'installation, me fait part des nouvelles normes de sécurité, me soumet à un questionnaire digne des plus fins limiers du FBI (sans lampe aveuglante, n'exagérons rien). "Impossible - me dit-il - de réparer votre ancien appareil car il ne correspond plus aux normes". Les normes. Merde, moi qui tente depuis toujours de m'en éloigner. Certes, je sais qu'il faut remplacer ce truc qui me permet d'avoir de l'eau chaude pour la vaisselle et , éventuellement, de temps à autre, prendre une douche ou un petit bain. N'empêche: pour correspondre aux normes -dictées par qui, sinon par des bureaucrates avides de travaux inutiles pour faire chier la populace? - ce travail de remplacement de chauffe-eau me coûtera, au bas mot, près de 2000 euros. Je vais recevoir le devis. Très sérieusement, je me demande si je ne vais pas faire appel à un ouvrier polonais, ukrainien ou roumain qui aura trouvé un chauffe-eau "tombé du camion". Je serai tranquille pour au moins 25 ans. A ce moment, j'aurai 89 ans. Je n'aurai plus besoin de faire la vaisselle ni de me laver: tout puera chez moi. D'ailleurs, tout pue déjà. Le meilleur: je passe mon doigt sous mes aisselles puis dans l'aine et dans le trou du nombril. Une saveur que peu de personnes supporte.L'odeur du corps est la meilleure qui soit.