Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Au presque quotidien
10 novembre 2013

Les vieux me feront toujours rire

En l'occurence, ici, une dame de 85 ans, quasiment impotente (après 10 minutes de position assise, elle souffre tant qu'elle doit s'allonger. Quant à marcher, n'en parlons pas). Cette dame, toujours très lucide, intelligente et fûtée, passe son temps à jouer aux cartes avec des amis, au Scrabble - elle gagne tout le temps - avec ses filles et à lire des romans policiers. Me sachant avide de lectures diverses, elle me demande si je n'en possède pas quelques-uns. Evidemment, oui! Des vieux (Christie, Leblanc, Leroux, Hadley Chase, Boileau-Narcejac...) que je garde comme souvenirs d'alolescence (Ah! le premier livre acheté avec "mes sous à moi": Dix petits nègres (dont je sens encore - rien qu'à l'écrire - l'odeur des pages tournées et ressens les noeuds dans l'estomac que cette lecture avait provoqués)). Puis il y eut, chez moi, le plaisir de la langue de San-Antonio (la lecture de sa langue...pas de son organe!) et quelques autres (Cette première phrase de Hadley-Chase dans "Eva", si je me souviens bien: "Je me faisais tellement tartir dans ce bled qu'il commençait à me pousser du sainfoin sur la cafetière"), qui ont fait partie d'un autodafé, lors d'un tri nécessaire au désemplissage d'étagères. Depuis, je n'achète plus de policiers (enfin si, les hommes, quand j'ai un procès - je rigole!) que lors de longs voyages en avion. Romans que je laisse généralement dans la pochette devant le siège, même s'il n'est pas terminé: la plupart du temps, sauf rebondissement de dernière page, je trouve le coupable avant qu'il ne soit dévoilé (je suis un fin limier). Et puis je m'en fiche: lisant cette littérature, le temps a passé tranquillement. C'est ce que je demande à cette littérature de gare ou d'aéroport. Revenons à la dame qui, ne l'omettez pas, a 85 ans. Hier, elle m'a rendu la trentaine de bouquins prêtés. Commentaire: " c'est de la littérature désuète, vieillotte, un peu dépassée...je n'aime pas trop". Les vieilles et les vieux me feront toujours rire. Souvent, on prend son père comme exemple. Le mien a toujours prétendu "mordicus" qu'il avait lu "tout" Spinoza. Je le croyais, à l'époque où je ne savais même pas de qui il s'agissait. Il mettait tant de fierté à déclarer cela que, pour moi, ce devait être important. Malheureusement pour lui, je passai quelques années sur les bancs de la faculté de philosophie de l'université de Liège et, mises à part quelques grandes et moyennes lignes, je n'y ai pas compris grand-chose à cette philosophie (Il n'y a, entre le monde et Dieu, qu'une différence de points du vue, en gros). J'ai commencé à douter de l'authenticité des dires de mon père, d'autant que ce qu'il demandait comme étrennes de Nouvel-An, c'était le dernier ouvrage d'un parfait imbécile - aux niveaux littéraire et philosophique - Jean Lartéguy, qui n'écrivait que des conneries sur la guerre (des boum-boum/pan-pan, quoi!). De plus, je me suis demandé où mon père aurait pu se procurer les oeuvres de Spinoza. Mais bon! Autre chose, qui n'a strictement rien à voir avec ce qui précède: il existe, sur les hauteurs de Spa (une ville non loin de la mienne) un manoir appelé "Manoir des Lébioles". Hôtel-restaurant d'hyper-ultra luxe, parc, golf... J'y suis invité ce soir (je ne me rendrai pas à cette invitation car, même convié, le repas est à 150 euros, vin(s) non compris. Je suppose qu'en entrée on y mange des ris de veau panés au foie gras). Je me suis intéressé à ce nom: lébioles. J'ai cherché dans tous mes dictionnaires. Deux heures d'Internet pour tomber par hasard sur le nom des ruisseaux entourant la ville de Spa. "Lee" voulait dire "large ruissau" et "biolles": les bouleaux. Ce qui ne m'apprenait pas grand-chose. Il eût été plus facile de faire ce que je fis en dernier recours: téléphoner. "Le nom vient du fait que, en 1905, pour construire ce manoir, il a fallu détourner le cours d'un large ruisseau et abattre une large parcelle de bouleaux sauvages". Je deviens vieux...alors, ça m'a fait rire.      

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Aux vieux, il ne reste que ce dernier charme : faire rire.
Au presque quotidien
Publicité
Archives
Publicité