Pas Paris
Sera-t-il toujours Paris? Si oui, promis, je n'y vais plus. De mon Awan jusque Roissy, pas de problème: on s'aime, le ciel est bleu et la musique bonne, la voiture roule sans encombre (le train coûte deux fois plus cher). Et puis, bardaf, c'est l'embardée! Une heure trente pour 21 kms. Bon. Un hôtel stalinien. Une chambre spartiate (mais avec sèche-cheveux, précisait la publicité! Oh mais alors, on saute sur l'occasion. Surtout moi qui laisse au vent le soin de faire son devoir). Puis la promenade que l'on pensait gentille: place Vendôme (punaise, les prix!), la rue de Rivoli (punaise, les prix! Ex: un jean à 1200 €... oui oui. A ce prix, je renouvelle ma garde-robe pour les 150 ans qui me restent) et les Champs. Ah, les champs! Samedi dernier, ils n'avaient pas encore été fauchés et celle ou celui qui les avait semés n'avait pas lésiné sur la quantité de graines ni sur le nombre de variétés de semences. C'était d'un dru, d'un touffu, d'un dense qu'on ne savait sur quel pied danser. On a vu des jaunes et des noirs, des blancs, des rouges et des obèses, des bousculeurs des bousculés (on peut remplacer "bous" par "en" car nomdidju, sont pas tous bien polis, même qu'il y en avait qui étaient très rêches), des femmes invisibles qu'il fallait contourner, petites, à genoux, montrant un bol vide posé devant elles alors que, derrière, une file étreignante attendait la viennoiserie, chez Paul. Plus loin, dans une galerie marchande (et non "marchante" car on faisait quasiment du sur-place), on a vu, de nos yeux vu, un étalage de biscuits de toutes les couleurs fadasses possibles. Un euro et septante cents le biscuit de 3,5 cms de diamètre. Trois bouchées, quoi! Neuf mastications. Puis l'arnaque à Fnac où je voulais me rendre, espérant y trouver certains CD impossibles. Que nenni! Rien que du neuf, de la nouveauté, du dernier cri, du dernier-né. Vite, l'erreur du métro, retrouver nos 10m2 et lire enfin, avant le concert. L'erreur, oui: plutôt que "Porte d'Ivry", nous nous sommes retrouvés à "Kremlin-Bicêtre". Pas grave, nous avons marché, presque au calme. (Rentré chez moi, je me suis demandé pourquoi" Kremlin-Bicêtre", qui me faisait penser à cette chanson de Bourvil "Tout ça n'vaut pas un clair de lune à Maubeuge, tout ça n'vaut pas des vacances au Kremlin...Bicêtre". Si quelqu'un le souhaitait, je lui ferais part de mes découvertes). Et le concert, précédé d'un léger dîner au Forum Léo Ferré rue Barbès à Ivry-sur-Seine, était superbe. Jacques Bertin, en très grande forme, nous a une fois de plus subjugués (je suis un inconditionnel). Un répertoire basé sur le passé, les regrets, le temps qui passe... il venait de fêter ses 68 ans et, en rigolant, nous a chanté une de ses dernières: "qu'ai-je fait de mes 68?". L'âme remuée, après un dernier verre d'eau pour la route, nous avons bien dormi derrière le quadruple vitrage qui nous séparait du périphérique. Nous souhaitions visiter les bouquinistes le lendemain. "Pourrions-nous laisser nos bagages à l'hôtel?" demandons-nous à l'accueil (tu parles!). Il nous fut répondu que certes oui, au prix de 5€ par bagage pour minimum deux heures et 2,5 € l'heure supplémentaire avec maximum de 5 heures. Ma poubelle de bagnole ne ferme plus. C'était pour le moins risqué d'y laisser nos bagages. Objectivement, je me fous du contenu de mon sac... mais pas du sac, en cuir, vingt tirettes pour vingt poches (qui ne ferment plus non plus, bien sûr), élimé jusqu'à la doublure, acheté au Nord-Pakistan vers 1985. Il fut de toutes mes expéditions, d'absolument tous mes voyages. J'y tiens. Alors, après un calcul rapide du coût de cette éventuelle promenade sur les bords du fleuve (métro, bouquins, déjeuner), en un clin d'oeil nous sommes remontés dans la voiture et, vers 13 hrs, nous étions dans nos champs à nous, désopilants de calme, de douceur et de sérénité. Ordre et beauté, ah!