Evidemment

J'étais content, hier. Je venais de faire la tournée de certains clients "difficiles du portefeuille" qui, enfin, avaient

daigné alléger le leur pour alourdir le mien. J'étais à la banque où j'étais en train de déposer cet argent pour combler le

trou.

Le téléphone m'avertit que j'avais un message. Sans mes lunettes, je devinai "Bonne année. Charlier". Un vieux pote,

dont je n'avais plus de nouvelles depuis au moins cinq ans. "Tiens, il pense encore à moi". Rentré à la maison, je lis:

"Triste journée. Charlie H." Je ne connais pas de Charlie H. Internet, donc. A la Une de "People Mag.": "On annonce

le décès de Charlie Hunnan". Puis, quelques lignes plus loin: "Mais c'est un hoax. On infirme l'annonce. Charlie

Hunnan se porte à merveille". Re-Internet: Charlie Machin est un acteur qui tourne, semble-t-il, dans des séries cultes

américaines. Je n'en ai donc strictement rien à foutre, de ce bonhomme beau comme Apollon.

Je réponds donc à la personne qui m'a envoyé le SMS: "Comprends pas". Elle me téléphone: "tu n'es pas au courant?"

C'est alors que je me suis mis à trembler. D'effroi, de peur, de colère, de tristesse. J'allumai la télévision. Et voilà: les

souvenirs sont revenus du sous-sol de ma mémoire...  Cabu dans la revue Pilote...puis, plus tard, vaille que vaille,

j'épargnais quelques sous pour acheter Hara-Kiri, que je lisais en cachette de mes parents, puis Hara-Kiri hebdo...Plus

tard, avec quelques amies et amis, nous avions voulu créer un supplément belge à la revue écolo La gueule ouverte.

Grande réunion quelque part des les Pyrénées avec Reiser, Cabu, Jean-Michel Asselin. Le projet, pour cause de

non-rentabilité, est tombé à l'eau.

Aujourd'hui, je vacille. Tout en pensant à tous les autres, les anonymes victimes d'autres attentats. Pour plus de

subtilité dans l'analyse de ce qui s'est passé hier à Charlie-Hebdo, je ne peux que vous conseiller la lecture du blog

de Pierre Jourde: Confitures de culture.

Comments

[X]

Chagrin et colère.

[Charlie de Nante]

En attendant d'avoir quelque chose à dire, rien à dire. Juste le silence, le silence du chagrin.