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Au presque quotidien
16 décembre 2012

"Le silence de la campagne". Tu parles! Chaque

"Le silence de la campagne". Tu parles! Chaque matin, mon fermier de voisin enclanche ses pompes à lait. Il m'éveille à 5h45. Puis viennent les bruits des tracteurs, des camions, le meuglement des vaches, le miaulement des chats, l'aboiement des chiens, le couinement des rats et des souris. Le bruit s'estompe, entre 14 et 16 hrs puis la traite du soir commence: le moteur du groupe électrogène se remet en route. Sauf le dimanche. Certes, je suis toujours réveillé et certes la traite du soir continue. Mais rien, pendant la journée. Le fermier se repose, n'enclenche plus le moteur de ses tracteurs. La camion de la laiterie n'arrive qu'une fois par jour, vers 23 hrs. Le silence du dimanche est tel qu'il me perturbe. Il me rappelle cette arrivée à Boiebar, une village abandonné du Nord-Pakistan, dans la vallée Hunza. Des fracas d'avalanches rocheuses tout autour de nous. Loin, très bas plus loin, le torrent de la rivière charriait un tel magma de roches que c'en était assourdissant. Nous étions fatigués de déjà quatre jours de trekking assez éprouvants. Chef de groupe, je décide que nous passerons la nuit là: la descente vers une sorte de village habité s'avèrant trop longue pour ce qu'il nous restait de jour. J'avise une sorte de "maison", un peu moins détruite que les autres. J'y pénètre. Tout de suite, je suis ébahi: un silence total, presque inhumain. Je n'entends même pas les discussions et les palabres de mes compagnons de "promenade", pourtant à peine distants de quelques mètres. Rien. Comme si, entrant dans ce lieu, j'avais occulté le monde, sa vie, ses bruits surtout. Aurais-je été victime de je ne sais quel mal de montagne qui rendrait sourd (Nous sommes à plus de 4500 mètres d'altitude). Je n'ai pourtant pas (clin d'oeil) utilisé ma main gauche! J'invite mes complices à entrer. Ils ressentent tous ce silence opaque, terriblement poignant, étrangement terrifiant. Tous réunis dans cette pièce d'une dizaine de mètres carrés, nous n'osons dire mot. Les ouvertures béantes cependant ne laissent passer aucun son. Nous nous regardons. C'est tout ce que nous pouvons faire.Nous n'avons pas pu dormir là. Nous avons préféré dormir dans le vacarme des avalanches et les remugles du torrent. L'oppression d'un silence. Le lendemain, nous sommes repartis pour la suite de notre trekking qui  nous amènera, 14 jours plus tard, à la frontière chinoise. C'est une autre histoire.  

 

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Commentaires
P
Que dire d'autre que: "Pierre Jourde a raison" sinon qu'il me semble que Eric Chevillard se fout de recevoir des prix littéraires. Je n'en dirai pas de même pour son portefeuille!!!
S
Comme par hasard, Pierre Jourde cite Jacques Bertin, et l'encense, dans un article de "Confitures de cultures"<br /> <br /> <br /> <br /> "Je voudrais être à la fois cet enfant qui passe<br /> <br /> <br /> <br /> Et l’homme mûr qui le regardera passer<br /> <br /> <br /> <br /> Mon fils et moi main dans la main le temps qui passe<br /> <br /> <br /> <br /> Mais immobile, un mouvement vers arrêté<br /> <br /> <br /> <br /> Je voudrais être ceux que j’aime<br /> <br /> <br /> <br /> Je voudrais être les mots vains qui vont vers eux<br /> <br /> <br /> <br /> Comme des baisers ou des voiliers dans l’haleine<br /> <br /> <br /> <br /> Je voudrais être en panne enfin dans un soir bleu<br /> <br /> <br /> <br /> Je voudrais être toi toujours quand tu venais<br /> <br /> <br /> <br /> Dans la robe de tes vingt ans ou lorsque naissent<br /> <br /> <br /> <br /> Dans mon souvenir de ces neigeuses tendresses<br /> <br /> <br /> <br /> Puis je voudrais dans ce souvenir m’enfoncer<br /> <br /> <br /> <br /> A tout jamais<br /> <br /> <br /> <br /> Route perdue de ma jeunesse"<br /> <br /> <br /> <br /> ceci dans "Confitures de culture".<br /> <br /> <br /> <br /> Comme par hasard aussi, Pierre Jourde, parlant des écrivains contemporains, dit de Chevillard : "le meilleur d'entre nous", se scandalisant que "L'Auteur et moi" n'ait été proposé pour aucun prix littéraire.
J
Mon ami chanteur Jean-Claude Piérot -devenu ennemi malheureusement - avait écrit<br /> <br /> "le silence, c'est un bruit qui écoute". Si vous aimez Chevillard, vous devez sans doute aussi connaître le chanteur Jacques Bertin, un vrai maître en poésie et en chanson.
S
Le bruit qui vous entoure, c'est la vie. La minute de silence, c'est pour les morts. J'habite un lieu où rien ne bruit chez les voisins mais il y a mes chats (l'un d'eux s'appelle Sonnette), les mésanges, la grêle sur les carreaux, les chouettes, et en été, les grenouilles, on ne peut pas en placer une, le doux froufrou, le soir, du hérisson qui chemine dans l'herbe et vient bouffer dans la gamelle du chat....<br /> <br /> Le silence total, c'est comme la nuit trop noire....
Au presque quotidien
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