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Au presque quotidien
6 juin 2013

Gloire à vous

Un de mes collègues jardinier vient de se fracturer un bras. Pas de quoi s'alarmer - sinon qu'il m'a demandé de l'aider dans ses travaux, ce qui me donne un surcroît d'heures de sueur -. Cet accident a fait ressurgir de ma mémoire un épisode de ma vie. J'avais quatorze ans, je pense. Un week-end scout, dans une ferme. Pour jouer, nous sautions du fenil (genre: 4 m de haut) dans la prairie. Entre la fenêtre du fenil et la prairie, un petit muret, de trente centimètres de haut. C'est mon tour, pour la xème fois. Je saute et me réceptionne mal. Mes poignets viennent "cogner" sur le muret. Mes mains ne sont plus dans la prolongation naturelle de mon bras: un décalage de 4 cms! Je ne me souviens pas de la douleur, mais j'ai hurlé de peur en voyant ces mains devenir presque des "choses". L'aumônier de la troupe scoute, un jésuite, se sent alors investi du rôle de guérisseur, prend mes mains dans les siennes, tire violemment pour les remettre en place. Il y arrive. Et la douleur aussi -  de celle-là, je me souviens. Quelle décision les chefs ont-ils prise? Celle de me déposer à un arrêt de bus pour que je regagne Verviers et retourne chez mes parents. Ils m'avaient donné quelque sous. Je ne savais pas où j'étais. C'était un dimanche. J'ai attendu deux heures puis suis entré dans une boulangerie - où, heureusement, nous passions de temps en temps avec mes parents lorsque nous allions faire des promenades dans les Fagnes ardennaises- . Le boulanger m'a dit qu'il n'y avait aucun bus pour Verviers le dimanche. J'ai pu téléphoner à mon grand-père (le seul de la famille qui possédait un téléphone). Toujours, je me souviendrais du numéro: 087.22.45.54. Il n'existe plus et mon grand-père non plus: pas de chances pour vous si vous avez les bras cassés quelque part des les Ardennes belges! Il est venu me chercher (Tu sais, Bon-Papa, je suis devant la boulangerie où on achetait de la tarte au riz quand on allait chercher de la mousse dans les Fagnes...mais je ne sais pas où c'est), m'a conduit à l'hôpital: deux poignets cassés. Plâtres donc, de la main jusqu'aux dessus des coudes. Le lendemain, en première heure de la journée, je devais présenter une élocution au cours de français. J'étais alors un fan absolu de moto-cross (Je connaissais - par le biais d'amis - Joël Robert, celui qui fut champion du monde de la spécialité à sept reprises). Elle était prête, mon élocution. Je la présentai donc devant mes condisciples de cette classe de collège jésuite dont dépendait la troupe scoute dont question ci-dessus. Les deux bras plâtrés, je le rappelle. Commentaire du professeur de français (Je jure que je n'enlève pas un mot: sa phrase est gravée): "Votre texte est très beau, Monsieur Legros. Vos explications à propos de ce sport très intelligentes. Je ne regrette qu'une chose: votre manque de gestes. A cause de ces bras amidonnés, j'ai obtenu la côte de 11/20. Gloire à vous.        

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Henri Michaux écrivit "Bras cassé" après avoir perdu l'usage de sa main droite.
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