Doute
Doute, prends-moi, emporte-moi. Je vis à l'abri de ce que je ne veux pas. J'assiste aux conférences sur la décroissance. Je fais miennes les thèses du bonheur pour tous, du "sus à la famine, à la misère (etc)". Et pourtant: " ... quichottisme le projet écologiste qui, fils naturel du projet souverainiste, imagine que les pays industriels gavés, repus, rassasiés, pourraient sauver la planète en optant pour la décroissance pendant qu'une multitude de pays sur la planète cent fois plus dévoreurs de nature n'aspirent qu'à connaître l'état de béatitude des repus, des gavés, des rassasiés que nous fûmes... Les civilisations sont mortelles, elles durent le temps d'une vie éphémère au regard de l'éternité des astres. Notre civilisation disparaît, elle coule comme le Titanic, car elle a fait son temps. Quichottisme, donc, toute politique qui croit qu'on peut changer le cours vital des choses: une même force parcourt les lichens et les civilisations, cette énergie s'épuise, elle n'est pas en quantité infinie dans un même lieu, elle se déplace, bouge. Sumer, Assur, Babylone, Alexandrie, Athènes, Rome, Paris,c'est fini; l'histoire se dit ailleurs - quichottisme de ne pas le voir et de faire comme si l'on pouvait faire remonter les fleuves vers leur source. Seul est possible le comportement libertaire dans la configuration du naufrage qui s'avère la nôtre. Sancho (Pança) le montre en acte dans son art de gouverner un archipel, puis dans sa sagesse à quitter le pouvoir sur le monde pour se soucier désormais du pouvoir sur lui-même". Michel Onfray, Le réel n'a pas eu lieu (Le principe de Don Quichotte), Ed. Autrement, p. 87.
Doute donc et doute encore. La seule certitude? Le moustique qui m'emmerde chaque nuit, quui me fait attendre le chant matinal du coq voisin.